Ain Madhi : Ksar pittoresque qui était le siège de la zaouia des Tidjania (confrérie fondée par Abou Abbis Tidjani au 18ème siècle), elle connut des années de gloire et s'étendit jusqu'en Afrique Noire.

Kourdane : à quelques kilomètres d'Ain Madhi, on y trouve l'ancien palais des Tidjani. Une grande demeure entourée de jardins à la française garde le souvenir de sa fondatrice Aurélie Picard, une Lorraine (à Arc en Barrois, dans l'est de la France) qui avait épousé au siècle dernier Sidi Ahmed Tidjani (disparut en 1897).

1870 - Si Ahmed Tidjani a 20 ans, détenteur de la divine baraka, il est le maitre de la Voie " El Tarika" car il est le fils du Grand Maitre, érudit et respecté, Mohammed es Seghir et d'une de ses concubines hartanies. Il est accompagné de son demi-frère Si Bachir.
Ils sont en France car ils avaient accepté d'aller rendre visite et féliciter les tirailleurs algériens qui s'étaient illustrés à Wissembourg (Alsace). La défaite de Sedan face aux troupes de l'Empereur d'Allemagne conduit le gouvernement à quitter Paris pour Bordeaux.

Aurélie Picard travaillait chez un député de la Haute Marne en 1870 lorsque un prince arabe : Sidi Ahmed Tidjani la rencontra et tomba amoureux d'elle, et lui demanda de l'épouser. Leur mariage fut béni par Mgr Lavigerie et par le grand Mufti d'Alger.

Devenue Lalla Tidjani, elle défendit hardiment sa confrérie et poursuivit l'œuvre de son mari jusqu'à l'heure de sa mort en 1933 (à l'âge de 84 ans).

C’est elle qui serait à l’origine de la construction du palais de Kourdane, à quelques battement d’ailes de la zaouïa. Une construction somptueuse relativement à son époque. Le palais devait ainsi être construit à l’image de sa locataire élevée au rang de reine. «Depuis ce mariage qui, au début, a suscité des polémiques en raison des origines chrétiennes de l’heureuse élue, la zaouïa a définitivement cessé de représenter une menace au colonialisme français», ajoutera notre interlocuteur. Il ajoutera, citant les vieux de Aïn Madhi et le journaliste écrivain Roger Frison-Roche qui a consacré un livre sur cet épisode de la Tidjania, que cette «reine» avait une forte influence sur son vénéré époux

 

Kourdane se signale par de hauts cyprès, un bouquet de hauts palmiers et un vaste verger au centre duquel se dresse un pavillon hexagonal décoré de céramiques. Plus personne n'habite la maison depuis la mort de la vieille dame.

 

En 1986 Kourdane était encore debout. Les jardins n'étaient plus entretenus depuis bien longtemps. L'intérieur avait été respecté, le salon de nacre Syrien qu'Aurélie avait acheté à Alger en 1880 existait encore.

La photo de son cheval "El Ghazal" était encore suspendue au mur et le piano droit trônait dans le salon, ainsi que sa photo et celle de Si Ahmed. La décoration et l'ameublement illustrent le conte de fée que vécut la petite Lorraine.

 

Le tombeau de Sidi Ahmed à quelques kilomètres de là continue à être l'objet de la piété des fidèles Tidjanis. Les non-musulmans ne sont pas admis.

 

La Kouba de Si Ahmed est dans le jardin de Kourdane. Elle est volontairement construite autour du pied du Betoum de leur amour. Le tronc sort par le toit. C'est Aurélie qui l'avait fait construire ainsi en 1899, l'année durant laquelle le corps de son époux avait été retenu par les Mokkadems de la Zaouia de TEMACIN.

 

Aurélie repose sous une dalle très sobre, dans l'ombre des arbres qu'elle a aimés, près du pavillon décoré de céramiques. Sa volonté d'être enterrée aux côtés de son mari dans la Kouba n'a pas été respectée totalement car sa tombe est à l'extérieur du tombeau mais tout à fait contigüe.

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