Aurélie PICARD Princesse des sables
suite 2

Lorsque le sirocco se lève, il ajoute son haleine de flamme, aveugle de sable voyageurs et caravane.

Cependant, l'affreuse tristesse qui plane sur ce désert est égayée matin et soir par un spectacle merveilleux : le soleil se lève et se couche dans une gloire de couleurs éblouissantes.

Chaque soir, les servantes d'Aurélie lui servent son repas sous la tente. dans le camp, les négresses écrasent le grain, roulent le couscous, font cuire la kessera (galette qui remplace le pain) et le méchoui.

Les Tidjania avaient 40 zaouia disséminées dans les pays musulmans. Chaque année, chacune envoyait des délégués rendre visite au chef de la confrérie. Les dons affluaient. Certains de ces voyageurs aux faces illuminées d'extase n'étaient que des mendiants loqueteux et misérables qui traînaient d'affreuses déchéances physiques. Aurélie apprivoisa ces malheureux, s'apitoya sur leur sort, pensa les plaies, lava les yeux malades et par la propreté l'hygiène fit des miracles.... L'eau de la femme blanche du cheikh faisait des miracles, guérissait. Donc, la femme du cheikh avait la baraka. Les pèlerins en portèrent la nouvelle aux nomades campés autour de l'oasis et ceux-ci vinrent à leur tour supplier la

Ksar Ain Mahdi

La caravane atteint enfin le point culminant de son voyage, la petite ville de Djelfa, à 1000 mètres d'altitude sur le territoire de Ouled Naïl (massif dans l'atlas saharien). Un vent aigre fait grelotter la caravane. Une descente mouvementée conduit des hauts plateaux au bassin du Sahara, le nouveau domaine d'Aurélie. Les dunes et les plaines de cailloux se disputent le record de désolation.

Enfin, un soir, une rumeur monte de la caravane : Ain Mahdi! Crient les Arabes. La voyageuse écarte ses voiles et regarde. Elle voit le massif tourmenté du Djebel Amour et à son ombre le Ksar (village fortifié) saharien badigeonné d'une chaux éclatante et élargi d'une double ceinture : les jardins de l'oasis, aux verdures vives et les tentes brunes des nomades campés au-delà des jardins.

guérisseuse de donner de l'eau salutaire à leur femmes et à leurs enfants malades. Bientôt, elle put faire venir d'Alger des médicaments plus efficaces que l'eau pure.

La zaouia était en déficit, beaucoup de pèlerins allant porter leurs offrandes à Temacin, près de Touggourt, une confrérie rivale qui avait profité de la vacance du pouvoir à Ain Mahdi.

Aurélie fit renvoyer le vieux Ryan, trésorier, pour des raisons de limite d'âge et le fit remplacer par le mokadem Sid El Arabi. des économies furent réalisées.

Aurélie agissait sous l'égide de la France. Cette pensée domina ses
 

réception dans la tribu


Le lendemain, on vit sortir du ksar un groupe de cavaliers. Les notables de la confrérie venaient saluer leur chef. La fantasia se forme sous les murailles des jardins, les coups de fusils éclatent et le sol tremble sous le galop des chevaux.

Aurélie est entrainée avec la caravane, à travers les jardins de l'oasis, dans un emmêlement de chevaux qui ruent, de chameaux qui brament et d'arabes aux cris gutturaux. Pour renforcer le tumulte, les femmes qui sont montées aux remparts font tomber sur les arrivants leurs joyeux youyous. (ululements prolongés)

Déjà la caravane contourne la 2ème ligne de défense et pénètre dans la zaouia par une porte monumentale bardée de fer et resserrée entre 2 tours carrées.

actes pendant toute sa vie. Elle conseilla habilement son mari dans ses relations avec le gouverneur général de l'Algérie. Elle fit donner des lettre d'accréditation aux explorateurs : mission au Fouta du colonel Borgnis-Desbordes.

Mais le cheikh avait perdu son influence su les entourages du Hoggar et le fidèle Mokadem des Tidjania Ben Hamida fut massacré par eux avec le colonel Flatters et toute la mission en 1881. Ce fut une atteinte très rude à son prestige. La même année, la révolte grondait dans le sud oranais près de Géryville. Les Tidjania calomniés, par certaines tribus, furent suspectés par l'autorité française qui envoya à Ain Mahdi, un peloton de zouaves qui y resta durant deux ans.

Mais Lalla Yamina aurélie veillait.

Si bien trempé que soit le cœur d'Aurélie, il se serre un peu en franchissant cette porte. de près, la désillusion est vive, la comparaison est décevante entre ce que l'on appelle en France une ville et cette forteresse barbare. D'un coup la jeune française a reculé de plusieurs siècles à travers les âges.

Isolée au milieu de la nombreuse famille d'Ahmed et des esclaves, Aurélie décida de se faire des alliés à commencer par la négresse, mère se Si Ahmed. Elle avait, comme toutes les mères arabes, une grande influence sur son fils. Son opération de séduction réussit. Elle reçut ensuite la visite des 14 sœurs de si Ahmed. Toutes étaient mariées et résidaient dans le sud-est algérien aux environ de Touggourt. Celles-ci comme toutes les femmes du sud n'avaient jamais vu de française et leur curiosité était grande. Toutes furent prodigues pour leur belle sœur de caresses et de témoignages d'affection.

Elle partit pour Alger, accompagnant le cheikh qui allait s'expliquer de vive voix avec le gouverneur de l'Algérie. Elle fut l'inspiratrice d'une conduite souple et conseilla au Cheikh de demander qu'un officier français soit détaché de Laghouat à Ain Mahdi pour surveiller les agissements de la zaouia.

A cette occasion, elle revit  avec plaisir ses parents installés à Alger.

A son retour à Laghouat, elle demande à l'autorité française, la création d'une école de garçons à Ain Mahdi. En 1882, un instituteur était nommé dans ce village.

Si elle avait peut-être perdue quelques illusions de jeune femme sur la vie des princesses au désert, elle était par contre tombée sous le charme du pays saharien. Elle s'était prise à aimer le peuple arabe au milieu duquel un caprice de la destinée l'avait jeté.
 

Aurélie sut rapidement conquérir son entourage, bientôt, un nom fut sur toute les lèvres pour la surnommer : Lalla Yamina. Elle interrogea son mari et celui-ci lui répondit en souriant que Lalla Yamina était la fille d'un roi byzantin de Tunis que le grand général du prophète Mahomet Sidna Abdellah avait épousée et ramenée à la Mecque.

Au bout de quelque temps, Aurélie obtint de son époux qu'ils résident à Laghouat où il possédait une maison et où se trouvait une garnison française. Elle usa avec tant d'adresse de son ascendant sur son mari, qu'elle obtint la direction absolue pour tout ce qui concernait la maison. En même temps, elle se faisait adorer de chacun.

Mais les ressources de la zaouia parvenait à peine à équilibrer le budget ordinaire, à entretenir cette hospitalité de grand seigneur, premier devoir d'un chef d'ordre religieux et d'un prince arabe.

A la mort du mokadem Sid el Arabi, Aurélie était devenue l'intendante de la zaouia. Elle accompagna son époux qui effectuait des voyages pour récolter des dons. Aurélie recevait l'aumône accompagnée de la prière des donateurs:

  • Oh mon Dieu, donne moi la santé.
  • Oh mon Dieu, fais que je n'ai que des enfants mâles
  • Oh mon Dieu, fais que mes bestiaux ne produisent que des femelles.

Il ne fallut pas plus d'une année à Aurélie pour accomplir ce 1er prodige, puisqu'en 1872 on parlait déjà d'elle à Laghouat. L'explorateur Soleillet a été impressionné au cours d'une visite qu'il fit chez le prince à cette époque. La vrai cause de son succès fut sa bonté, une bonté sans faiblesse. En 1886, la mère de Si Ahmed mourut dans ses bras en la bénissant.

Aurélie s'était aperçue, en s'occupant de la direction de la maison, que dans les dépenses générales de la zaouia régnait un grand désordre. Ce qui permettait à une nuée de parasites de dilapider les fonds de la confrérie.

L'abondance revint dans les coffres et Aurélie, fut enfin en mesure de réalise certains projets.

Pour se délasser, elle suivait, à cheval avec le cheikh, les chasses au faucon. Elle suivait aussi les curieuses chasses au galop où le cavalier encercle le gibier, outarde ou gazelle.

Elle avait remarqué à 7 kilomètres d'Ain Mahdi, une petite source à l'ombre d'un figuier. On appelait ce lieu Kourdane. Elle obtint sans difficulté l'accord de Si Ahmed pour créer à cet endroit une exploitation agricole qui enrichirait la zaouia.

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