Aurélie PICARD Princesse des sables
suite 3


Les premiers travaux furent entrepris en 1883. En moins de 10 ans, elle mit en valeur la 1ère tranche. Elle se fit architecte, ingénieur agronome, toujours avec succès. On put tout d'abord irriguer 30 ha.

En 1888, elle quitta sans regret l'inconfortable maison arabe d'Ain Mahdi et s'installa dans un somptueux logis dont elle avait fait les plans à Kourdane. Une nouvelle oasis était née.

En 1893, le lieutenant Grand-Conseil fait une visite à Kourdane. Il décrit Aurélie comme une femme "grande et assez forte". Son époux Si Ahmed est "gros et paraît essoufflé".

Les visiteurs français furent nombreux à Kourdane. Pendant 25 ans, tous les français de passage furent reçus fastueusement.

Le 9 juin 1911, Sid el Bachir mourrait d'une congestion cérébrale.

Ali, le fils de si Ahmed écarté par son père 12 ans plutôt de la succession, fut élu par les notables. Aurélie qui ne l'appréciait pas quitta Kourdane pour Alger, prétextant qu'elle était fatiguée.

Elle emporta au vu et au su de tout le monde, plusieurs voitures de mobilier, tapis, tentures et objets d'art. Les questions matérielles se règlent en accord avec le nouveau cheikh.

Le cheikh Si Ahmed, son 1er  mari lui avait acheté plusieurs maison à Alger. Elle retourna à Alger et y mena une vie modeste et retirée.

Sa nièce, Henriette keller, fille de sa sœur Clara, vivait à Blida, dans une villa du boulevard Bonnier, près du bois sacré.

A cette époque, l'exploitation agricole fait 80ha. Une adduction d'eau en cours va permettre de cultiver 500 ha. Aurélie fit créer une école franco-arabe à Kourdane.

Les membres de la mission Fourreau-Lamy vinrent à Kourdane, ainsi que l'explorateur Savorgnan de  Brazza.

Le fils du Cheikh, Ali menait une vie dissipée et donnait du souci à son père et à Aurélie qui l'avait élevé. Si Ahmed, vieux avant l'âge, était obèse et diabétique.

En 1897, il voulut cependant entreprendre un voyage au siège de la confrérie de Témacin, près de Touggourt. Le général Ruyssen, ami de Si Ahmed le lui déconseilla en raison de son état de santé.

Elle avait épousé monsieur Mans Alfred Barthélemy, professeur de dessin au collège Duveyrier.

Aurélie avait une chambre réservée chez eux, meublée en style oriental. Aurélie était la marraine de leur 1er enfant René Mans. En août 1914, elle retourne à Kourdane où elle avait des intérêts:  des troupeaux de moutons et de chameaux. Elle reçu à Kourdane, monsieur Lutaud, gouverneur de l'Algérie qui lui demanda d'encourager les jeunes arabes à s'engager dans l'armée pour défendre la France. Des goums ( formation militaire supplétive en AFN) se formèrent aussitôt.

Elle retourna à Alger et y passa le temps de la guerre avec sa famille.
 

Louis Lépine


Si Ahmed répondit: "Ici, rien ne souffrira de mon absence. Ma femme reste à Kourdane. C'est comme si j'y étais moi même."

Il tomba gravement malade en arrivant à Témacin, fut bien soigné et continua son voyage vers la Tunisie. A Guemar El Oued, il fit une rechute qui lui fit fatale. Il mourut le 20 avril 1897.

Aurélie eut beaucoup de mal à faire ramener le corps de son mari à Kourdane. Elle demanda pour cela l'appui du Gouverneur Général de l'Algérie, Mr Lépine qui lui accorda une audience en novembre 1897.

Un détachement de l'armée ramena le corps du cheikh à Kourdane où il repose.

En 1920, le désir la prit de finir ses jours dans son pays natal, le barrois, quitté depuis 50 ans. Elle vendit sa villa d'Alger et rentra en France à arc en barrois avec sa sœur Clara et son beau-frère Paul Didier keller. Avant de quitter Alger, elle avait revu une dernière fois son beau-fils, le cheikh Sid Ali. Elle s'était rendue à Blida pour faire ses adieux à sa nièce Henriette Mans. Elle y apprit qu'Ali se trouvait dans cette ville où il était malade. Il y mourut le 9 décembre 1948.

A la fin de 1922, Aurélie est de retour à Laghouat. Elle avait 73 ans. Elle aida à régler le problème de succession à la tête de la confrérie.

Entre temps, Si El Bachir El Tidjani avait remplacé son frère avec l'accord des notables de la confrérie. Si El Bachir proposa alors le mariage à Aurélie, conscient qu'elle était indispensable pour une bonne gestion de la zaouia. Aurélie était retournée près de sa famille à Alger. Sa jeune sœur avait épousé un adjudant des zouaves Paul Didier Keller. Ils avaient 2 filles, Henriette et Valentine.

Les notables firent parvenir à Aurélie dans sa retraite d'Alger, de pressants appels. Depuis son départ, l'exploitation agricole languissait et les finances retombaient dans le désordre d'antan.

Aurélie accepta et retourna à Kourdane avec sa mère. Son père étant déjà décédé. Le mariage eut lieu à Laghouat, mariage de raison, simple formalité politique.

Le nouveau cheikh, Sid Mohamed, qu'elle avait élevé, lui demanda de rester à Kourdane et de s'occuper de l'administration comme le passé.

En avril 1923, elle repart pour la France, déçue de constater que toute son action à Kourdane est anéantie: l'exploitation est en friche et le trésor livré à nouveau aux parasites. Le 12 novembre , Marthe Bassenne, lui rencontre Aurélie à Chaumont. Aurélie informa la romancière qu'un mariage catholique l'avait unie au cheikh Si Ahmed en 1871. Le 3 décembre 1924, Aurélie, après avoir lu le récit de son histoire rédigé par Marthe, lui donna l'autorisation de le publier.
 A la fin de 1924, Aurélie, déçue par le dur climat du barrois revint en Algérie. Elle s'installa d'abord à Blida chez sa nièce Henriette mans, puis à Sidi Bel Abbes chez un neveu Bertrand.

Au  printemps 1899, Marthe Bassène rendit visite à Aurélie à Kourdane. Aurélie avait alors 50 ans. Marthe Bassène et ses amis furent reçus par Aurélie comme des princes. Cette dernière ne prenait jamais ses repas avec ses hôtes. Elle prenait le café avec eux au salon. Marthe Bassène était l'épouse d'un général. A la suite de cette visite, elle devint l'amie d'Aurélie et décida de rédiger, avec son accord, son histoire.

Ses essais de culture, les dispensaires, les écoles et les ouvroirs de Kourdane et d' Ain Mahdi, le budget de la confrérie à équilibrer, tant de pèlerins à nourrir, tant de serviteurs à surveiller, ses journées étaient bien remplies

En 1925, elle retourna à Kourdane en visiteuse, mais y resta un certain temps à cause d'une fracture du bras. Elle alterne les séjours entre Blida et Sidi bel Abbes. En 1928, elle était à Sidi Bel Abbes lorsqu'on lui apprit qu'elle était proposée pour le grade de chevalier de la Légion d'Honneur.

Elle était tombée gravement malade au début de l'année, croyant sa fin prochaine, elle avait, en bonne chrétienne, demandé et reçu l'extrême onction. Le 30 mars, grâce à sa robuste constitution, elle allait mieux et en informa Marthe Bassenne avec laquelle elle entretenait une correspondance amicale.

Le 2 mai 1929, le gouverneur général de l'Algérie lui écrivit pour lui

Pendant douze ans encore, Aurélie continua son active et prévoyante gestion. Elle fit venir à Kourdane M Flammand professeur à la faculté des sciences d'Alger pour faire des recherches hydrauliques. Elle mit à profit les remarques de ce savant pour une meilleure utilisation des sources et la réalisation de barrages sur les ruisseaux.

En 1903, elle fut décorée du mérite agricole. En 1906, elle fut nommée officier d'Académie. En 1911, le général Bailloux, commandant le 19 ème corps d'armée d'Alger vint visiter Kourdane.

Sid El Bachir le cheikh avait eu la Légion d'Honneur. Le général s'étonna qu'Aurélie ne l'ait pas. Si l'on trouvait digne du ruban rouge Sid El Bachir (que l'on peut traiter sans injustice de prince fainéant) ne méritait-elle pas une semblable récompense?

annoncer qu'elle faisait l'objet d'une nouvelle proposition pour la Légion d'Honneur: "je serais particulièrement heureux que cette proposition que vous avez largement méritée soit suivie d'effet".Cette proposition n'eut pas de suite et 1930 arriva. C'était l'année du centenaire de l'Algérie Française.

Le 10 mai, un monveau dossier de proposition fut adressé au ministère. Il fallait qu'il soit appuyé par quelq'unde bien placé. Ce fut le cas avec le sénateur des Vosges, Mr Girardi. La réputation d'Aurélie lui était parvenue par la presse. Il sur décider 5 de ses collègues pour signer avec lui une pétition réclamant la croix pour madame Tidjani. La pétition fut présentée le 20 juin à M Tardieur, président du conseil et  ministre de l'intérieur. La proposition échoua encore.

                                                                                                                  Haut de page                                                         Suite de l'histoire